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Le 17 janvier 1966, sous le gouvernement de Franco, en pleine guerre froide, quatre bombes H se sont écrasées sur le sol espagnol suite à l’explosion d’un B52 américain en plein vol lors de son ravitaillement en kérosène.

 

Quatre bombes atomiques qui explosent dans la région de Palomares, à une centaine de kilomètre d’Almeria. Bien que la réaction en chaîne principale ait été évitée grâce à un système de sécurité, elles ont libéré une quantité de plutonium suffisante pour contaminer les zones d’impact de manière persistante.

 

Depuis, la région de Palomares est, hormis le réacteur de Tchernobyl, l’endroit le plus pollué au plutonium du monde. Sous Franco, on a tu la réalité de la situation et les américains ont menti sur les résultats des examens pour quantifier la radioactivité. En 1966, ils ont nettoyé et ramené aux USA 1500 barils de terre contaminée. Plusieurs zones de la région sont encore aujourd’hui complètement interdites d’accès pour éviter de remuer les terres et de propager les radiations. Une de ces zones a une surface d’une centaine de kilomètres carrés. La catastrophe est incroyable tout autant que la peur, l’oubli et le silence qui l’entoure.

 

Le 17 janvier 2016, on commémorait à Almeria les 50 ans de la catastrophe. Sur place, quasiment personne pour revendiquer un nettoyage rapide des terres (bien que les USA aient signé pour le faire). Un activiste écologiste m’explique quand même que chercher à remuer la situation fait de lui une personne dangereuse et menacée par les exploitants terriens et autres politiciens.

 

Il  m’apprend aussi un secret. 700 barils de déchets nucléaires ont disparu des stocks de l’armée. Ils sont cachés quelques parts dans le coin et n'ont jamais été retrouvés. Certains disent que Franco les a fait enterrer dans le parc naturel de Cabo de Gata pour s’en débarrasser. C'est ces barils que Simon Sastre, le héros de cette histoire découvre. Ce poison caché lui brûle le cerveau et progressivement le corps. Puis, par extension, la région entière.

 

Les zones interdites d’accès qui se répandent à côté des exploitations agricoles et tombe des nues. La région vit à côté de ces zones ultra dangereuses en faisant comme si de rien n’était depuis 50 ans.

 

Je tenais un sujet de film. Mais il fallait ensuite trouver une manière de prendre de la distance pour parler de cela en fiction. C’est là que la notion de duende a pris son sens à mes yeux.

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LA SALAMANDRE

Le duende (littéralement « démon ») est un aspect important de la culture hispanique. Federico Garcia Lorca en parle comme d'un "pouvoir mystérieux que chacun ressent et qu'aucun philosophe ne peut expliquer ". Une puissance qui naît profondément dans les tripes comme le geste le plus sanguin, le cri de l'âme libérée du conditionnement. Le duende  ne peut être réfléchit ou reproduit. Il existe sur le moment, il est libre. Il s’apparente au mojo  ou à ce qu’on nomme soul. Pour exister, il a besoin de tripes, de sang, de magie, de passion, d’amour, de mort. Il vient avec des images fortes, des musicalités sombres, un rythme terrien. On le trouve bien entendu dans le flamenco mais aussi dans le cinéma, le théâtre, la peinture tous les arts peuvent avoir du duende. Le Duende c’est la fusion avec son démon intérieur qui créée la magie.

 

J’ai voulu qu’un homme devienne lui-même le duende d’une région et révèle sa vérité.

 

C’est devenu Simon Sastre, un ouvrier rêveur sans qualité particulière qui, suite à l’attaque d’une créature cauchemardesque ( littéralement un démon ou son démon) suit une spirale vers les profondeurs de la terre et ce qu’il ne faudrait pas ouvrir…

 

Mon idée était de parler, dans une fiction qui pourrait paraître fantasque, d’une réalité grave, à peine croyable et de ce qu’elle implique comme conséquences. Un conte folklorique contemporain pour adulte.

 

3. Cabo De Gata

 

Je nourris une affection pour le sud de l'Espagne, la région de Sorbas, le désert de Tabernas et le parc naturel de Cabo de Gata pour y avoir passer du temps dans ma jeunesse et qui joue un rôle important pour moi émotionnellement parlant dans mon contact au rêve et aux films. Ce coin du sud, c’est l’inquiétante étrangeté même. C’est un endroit de cinéma, le décor de quelques-uns des plus grands westerns spaghettis, de films de science-fiction et d’aventure. Un sol qui a inspiré Dali, Huxley, une terre macabre, surréaliste et volcanique. Le sentiment d'une terre hantée par des esprits errants sur les roches rougeâtres pendant la nuit. Un parfum d'au-delà, une terre par endroit lunaire au passé de guerre, de rébellion, de cri, de sang et de chants.

 

L’hiver, c’est des villages quasiment vides, des ruines, des no mans land. La crise a très fortement attaqué l’Andalousie.  La région de Cabo de Gata est aussi le théâtre de Noces de sang , la tragédie de Garcia Lorca censée être adaptée dans le film et pour laquelle Linda doit faire un. Elle renvoie aux drames de cette histoire contemporaine et amène en filigrane la présence du "chien Andalou", le surnom que Dali et Buñuel donnait à Garcia Lorca. Lui, sa pièce, le surréalisme sont les forces qui entourent l’histoire. 

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MEMPHIS

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PERSONNAGES

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SIMON SASTRE

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